Optimiser la gestion de la ressource en eau et préserver les milieux associés
La Cellule d’Assistance Technique aux gestionnaires de Zones Humides (CATZH)
La Lozère est le « pays des sources », situé en tête de bassin versant, riche en zones humides et en cours d’eau. La biodiversité exceptionnelle de ces milieux est maintenue grâce à une gestion agricole extensive de ces surfaces. Le COPAGE valorise l’activité agricole en zones humides.
De plus, les zones humides du département de la Lozère se trouvent sur trois grands bassins hydrographiques : Adour-Garonne, Loire-Bretagne et Rhône Méditerranée. De ce fait, les enjeux de préservation des milieux humides sont encore plus forts, pour limiter les répercussions en aval.
A l’interface entre les milieux aquatiques et terrestres, les tourbières et prairies humides se caractérisent par une flore et une faune remarquables, adaptées à la présence d’eau dans le sol au moins une partie de l’année. En plus de cette richesse naturelle, les zones humides fonctionnent comme une éponge. Elles interviennent ainsi dans le cycle de l’eau pour épurer les eaux, réguler les crues et soutenir les étiages. Elles assurent de plus une forte attractivité paysagère pour le territoire et peuvent concerner l’activité agricole, comme d’autres activités de loisirs (chasse, pêche, tourisme,…).
En Lozère, pour répondre à ces enjeux, deux Cellules d’Assistance Technique aux Zones Humides (CATZH) sont animées par le COPAGE depuis 2018 et le Conservatoire des Espaces Naturels d’Occitanie (SAGNE 48) depuis 2004. Les CATZH regroupent des adhérents volontaires (principalement des gestionnaires agricoles) qui bénéficient gratuitement de conseils de gestion et de suivis sur leurs zones humides.
Les objectifs de la CATZH du COPAGE sont :
- Sensibiliser les agriculteurs à la préservation du bon état des milieux humides et aquatiques.
- Conseiller les agriculteurs afin de favoriser les pratiques permettant de gérer correctement les zones humides, lorsque leur vocation agricole contribue à maintenir ces milieux dans un état de conservation favorable.
- Acquérir des références sur la valorisation économique possible des milieux humides du point de vue agricole, à l’aide de pratiques d’exploitation adaptées, sans perturbation des fonctionnalités écologiques et hydrologiques des écosystèmes correspondants.
Les activités
A votre demande, le COPAGE se déplace gratuitement sur vos parcelles :
- Analyser la qualité de l’eau d’abreuvement ou la valeur fourragère issus de prairies humides
- Créer ou améliorer un point d’abreuvement
- Aménager un passage sur les berges d’une rase ou d’un cours d’eau
- Entretenir des rases sur un pré de fauche humide
- Réaliser des travaux d’ouverture du milieu (broyage, coupe d’arbres) sur tourbière ou prairie humide
- Améliorer le pâturage sur une zone humide
- Remettre en état une parcelle dégradée
La sensibilisation
La CATZH intervient chaque année auprès des établissements scolaires du département afin de leur faire découvrir les milieux humides. Des journées techniques sont aussi proposées aux agriculteurs et techniciens du territoire.
Le conseil technique
Le pâturage et la fauche sont des pratiques agricoles permettant de garantir un bon état de fonctionnement des milieux humides, à condition d’accepter et de respecter les contraintes liées à la présence d’eau.
Tous les ans, le COPAGE accompagne les agriculteurs pour la gestion des milieux humides, notamment pour les projets d’aménagements de points d’abreuvement. A la suite de ces travaux d’aménagements, un suivi des parcelles est réalisé pour vérifier leur fonctionnement et évaluer l’impact des travaux sur les milieux.
L’acquisition de références
Afin de répondre aux demandes des agriculteurs, la CATZH du COPAGE a constitué et anime divers groupes de travail :
- Qualité d’eau d’abreuvement ;
- Les prairies humides de fauche ;
- Le pâturage tournant.
Comment adhérer au réseau ?
L’adhésion des gestionnaires (propriétaires, agriculteurs) de zones humides est volontaire et gratuite. Cette adhésion leur permet de bénéficier de conseil technique individuel, de participer à des journées d’échanges, d’avoir accès à des financements propres au réseau…
A travers ce réseau, la CATZH communique, partage et valorise les pratiques et savoir-faire des éleveurs lozériens.
Économies d’eau
Les agriculteurs, au même titre que les collectivités locales et les autres usagers, sont interpelés par la société pour relever ce défi de l’environnement. Les principales consommations d’eau à usage agricole sont les suivantes :
- Abreuvement du cheptel,
- Irrigation (par aspersion ou gravitaire),
- Activités agritouristiques ou ateliers de transformation.
Aujourd’hui, il est nécessaire de promouvoir une gestion globale et équilibrée de la ressource en eau et de son utilisation qui concilie à la fois le respect de l’environnement et une agriculture économiquement viable.
L’alimentation en eau du cheptel représente une part importante des consommations d’eau à usage agricole. Ces prélèvements peuvent concerner :
- la distribution des bâtiments d’exploitation (généralement à partir des réseaux publics d’eau potable),
- ou l’alimentation en eau au pâturage (sources, cours d’eau, lavognes ou apports extérieurs à l’aide de tonnes à eau).
Les besoins multiples en eau potable et pour l’abreuvement du cheptel peuvent générer des déficits en période d’étiage. Cette situation est parfois accentuée durant la période estivale avec une augmentation de la population dans certains secteurs (tourisme, résidences secondaires). L’association COPAGE et ses partenaires interviennent auprès des collectivités et des agriculteurs pour concilier tous les usages de l’eau, et réduire l’impact des prélèvements agricoles. Des études préalables au cas par cas sont indispensables afin de proposer des solutions adaptées aux besoins des agriculteurs et aux contraintes des collectivités. L’adéquation ressource-besoins est vérifiée. En fonction des spécificités de chaque territoire, différents aménagements peuvent être conçus (récupération d’eau de toiture, potence collective, création réparation de petites retenues/lavognes…).
Exemple de diagnostic réalisé pour un projet de récupération d’eau de toiture :
Dans ces conditions de pluviométrie (moyenne 2012-2022) et au vu de la surface de toiture mobilisable (900 m2), l’exploitation peut économiser 69 % des besoins en eau pour l’abreuvement.Les mois avec des besoins supérieurs seront compensés avec un prélèvement AEP.
Le dimensionnement de la cuve a été fait pour une quasi-autonomie du système de 1,5 mois (moyenne annuelle à 62m3) sans pluie ou 1 mois avec les plus forts besoins : mai, juin, juillet et août (92m3) d’après le graphique si dessous. Soit 100 m 3 de capacité de stockage.
La valorisation des béals
Les béals (canaux d’irrigation par gravité) font partie des ouvrages conçus par l’Homme pour s’adapter aux conditions naturelles particulières et permettre le développement de l’activité agricole (irrigation, abreuvement du bétail, mais également fonctionnement des moulins) par la dérivation d’eau à partir d’un cours d’eau. La faible pente des béals permet d’amener l’eau à plusieurs kilomètres de la prise, et ainsi d’approvisionner des parcelles, des terrasses, ou encore des moulins qui n’auraient jamais pu l’être sans ces aménagements.
Leur construction et leur entretien requièrent de maîtriser des notions d’hydraulique (pente, débit, répartition de l’eau…), mais également les gestes techniques artisanaux de la construction (pierres sèches, maçonnerie, seuil…) et technicité notamment par rapport à la perméabilité des ouvrages.
Aujourd’hui, les béals constituent un véritable patrimoine en perdition. Ils sont les témoins de l’histoire des lieux et des hommes, des difficultés et des adaptations mises en place.
Les béals assurent non seulement un rôle économique mais aussi un rôle sociétal. En effet, depuis leur construction, ces canaux d’irrigation étaient gérés par plusieurs propriétaires. Chacun d’entre eux avait le droit d’irriguer ses parcelles lorsque venait son « tour d’eau ». Aujourd’hui, sur certains secteurs, des associations d’irrigants se sont formées pour continuer à gérer ces tours d’eau. Ces regroupements d’agriculteurs perpétuent la pratique en apportant un statut juridique collectif aux irrigants. Ils permettent aussi de développer une gestion collective de la ressource en eau à l’échelle d’un bassin versant. Ce savoir-faire a été inscrit en 2017 au patrimoine culturel et immatériel de l’UNESCO.
Dans ce contexte, le COPAGE et la Chambre d’Agriculture de Lozère ont souhaité réfléchir à un projet permettant d’aborder différemment les béals sur le secteur d’Altier, c’est-à-dire non pas sous l’angle du réglementaire, mais bien de leurs valeur et responsabilité patrimoniales. De là est né le projet intitulé « Des béals et des hommes », projet soutenu financièrement par l’Association Lou Grel, dont la mission première est la valorisation du patrimoine lozérien. Ce projet a pour principaux objectifs de valoriser et acquérir des références sur l’utilisation des béals, les savoir-faire, la richesse de ces ouvrages mais aussi de communiquer sur cette technique d’irrigation ancestrale. Un film a été réalisé pour présenter ce projet.
Pour continuer ce travail de valorisation et de communication, cinq panneaux d’interprétation ont été réalisés par la Communauté de communes Mont Lozère avec l’appui de l’association COPAGE et le soutien financier du Parc national des Cévennes et du programme Leader.
Ces panneaux ont été positionnés à des endroits stratégiques du territoire de la Communauté de communes pour permettre au public de découvrir ces ouvrages et leurs usages.